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Vendredi, 6 juin, 2014 - 09:24
Poésie en Cotentin
Compte rendu
Le WE fut si agréable que nous ne résistons pas à mettre un second compte-rendu de notre brillante inspirée Sylvie!
Cinq années après la découverte du cap de la Hague, me voici de retour dans le
Cotentin au détour d’un séjour organisé par Freddo, Dérailleur de l’Antenne de Paris.
Pour l’occasion il nous avait dégoté un emplacement de charme au camping de
l’Anse de la Brick qui mérite amplement le 5 étoiles, mon général, vue les prestations
offertes et nous nous souviendrons que la paire gagnante 99/100 offre un panorama
dégagé sur le phare et l’Anse de la colline « qui ne tombe pas à pic » mais « dans
la mer » dixit un lointain parent viking qui était venu là pour chasser la baleine
normande et s’échoua, histoire d’en rire, sur une plage qui, à l’époque, ne valait pas
un kopeck. Donc comme ce valeureux oncle de Norvège, Freddo, notre corsaire
bien aimé, né à quelques encablures de la Valette -mais non maltais- nous offrit un
périple de premier choix dans les contrées de son enfance qui, à coup sûr, ont vu
ses premiers poils s’électriser soit au contact… du sable des Dunes de Biville, aussi
secrètes que celles de « l’été 42 » ou bien à l’odeur d’une fumée inhalée en cachette
d’un tabac de contrebande planqué dans un muret sous le Nez de Jobourg et tout
cela bien évidemment à la barbe de Barbey.
Mais revenons à nos moutons, plutôt aux gentils voyous que nous sommes, à
l’image de ces contrebandiers d’antan qui ont joué, au jeu du chat et de la souris sur
le sentier des douaniers. Nous débutâmes en effet le séjour par une journée Off à
Barfleur dans une bonne brasserie qui permit à la tablée d’apprécier les terrines et
merrines locales avant de débuter une sympathique randonnée pédestre qui nous
mena droit au but : le phare de Gatteville dont les 359 marches en colimaçon
retournèrent quelque peu l’estomac iodé d’une amatrice de perles (I’m not sick of
you). Des « 39 marches » à « Vertigo », Alfred était bien présent dans les esprits
cinéphiles mais nos fées cabossées préférées n’étaient malheureusement pas là
pour nous livrer leurs préférences et nous expliquer que dans la vraie vie, les choses
tournent court et vite, les ambulances ne changent pas d’immatriculation à chaque
séquence et les infirmières restent blondes jusqu’au bout du film (enfin ça c’est moi
qui le dit ;- à cause de la soldate Meg Ryan postée sur le bord de la route;-) En
définitive une première journée plus coolante que roulante sous les embruns
normands propices à la fédération de groupe et surtout aux retrouvailles des anciens
qui pour un certain a conservé l’esprit d’aventure en rejoignant le club très fermé des
pratiquants d’engins à propulsion humaine , à vrai dire plus maniables sur les
polders hollandais que sur les petites départementales de Normandie. Il n’empêche
que nous avons pu apprécier la vélocité du SIKA couché sur la RD entre Portbail et
Valognes qui nous a permis de mettre 2h dans la vue à l’autre partie du groupe fier
d’afficher un compteur à 120km quand nous en restions à un petit mais costaud 95
pour assurer notre repas du soir. Car faut-il le rappeler et encore remercier le cuistot
de service, toute la patte du Dérailleur est là : dans ce moment privilégié qui en
soirée nous permet de nous raconter, nous livrer avec plus ou moins d’emphase des
histoires qui ne font rire que nous puisque c’est cela qui nous rassemblent…les nids
de poule occasionnant des crevaisons et autorisant l’entrée en scène des pros de la
clé Allène, en moins de 5mn chrono, elles se reconnaitront, puisque d’ailleurs elles
se débrouillent très bien munies simplement d’un coup de pouce et d’une pompe
pour spécialiste ! Au terme des 3 jours de rando je n’aurai à déplorer, cette fois-ci
que l’usage intempestif de 2 chambres à air et me retrouve donc, sur cette portion
uniquement, à égalité avec les plus beaux mollets de la troupe (question de goût of
course). Compte tenu du parcours au dénivelé ravageur pour un bocage normand
(1200m de D+) j’estime avoir accompli une prouesse certes plus despotique que
technique eu égard aux broutilles d’assurance et autres réglages logistiques de
dernière minute qui éloignent la zen attitude et attisent le « Nez de Dijon ».
Néanmoins malgré un gros nuage menaçant qui sentait l’averse des grands jours, la
rando du 2ème
depuis le belvédère de la Chapelle St Germain à Querqueville où nos 4 intrépides
Ultra Green nous avaient rejoint directement en vélo depuis le camping (+20km au
compteur). Enfin réunis à onze, nous partîmes confiants derrière notre guide qui
nous mena sereinement au bout d’une vingtaine de kilomètres sur la plage de galets
et de sable de Vauville pour un pic-nic salvateur sous un soleil radieux mais alors
nous étions loin de penser que le plus dur restait à venir car dès la reprise nous
comprîmes ce que signifiait le niveau de la mer : une montée fatale et forcément
pentue et raide comme la justice pour se retrouver en haut des falaises mais au final
nous enchaînâmes joyeusement cette succession de descentes/côtes sévères
comme si nous étions embarqués sur une montagne russe de la foire du Trône mais
ici le décor était autrement plus majestueux, passant des Treize Vents à l’Anse du
tas de pois (celle du Cul Rond, nous l’avons divinement zappé), nous regagnâmes
les falaises du Nez de Jobourg (les plus hautes et les plus vieilles d’Europe) puis
nous poursuivîmes notre chemin au dessus de la somptueuse baie d’Ecalgrain avant
de rejoindre le petit port remarquable de Goury pour son abris octogonal du canot de
sauvetage en mer dont les prouesses sont gravées dans le marbre . Le retour vers
Querqueville s’effectua tranquillement par Omonville-la-petite et le port Racine (petit
mais mignon) sans oublier la maison de Prévert planquée derrière une haie de
fausses rhubarbes géantes et comme j’ai déclaré forfait pour le dernier jour, je laisse
le mot de la « faim » au poète…seul à dire la Vérité sur la…dignité (clin d’œil à
Hillary Swank une yankee comme on dit depuis juin 44, récemment vu dans le film
de TLJ) :
J’attends le doux veuvage
J’attends le deuil heureux
Et puis
Il s’est jeté sur moi
Comme sa pire ennemie
Et il m’a embrassée
jour pris son envol après quelques gouttes à peine providentielles
Et il m’a caressée
Et j’étais pleurait-il
Tout l’amour de sa vie
J’attends le doux veuvage
J’attends le deuil heureux
Extrait du poème « J’attends »
Recueil Folio, page 131
La pluie et le beau temps
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