La première fois d’une grimpeuse infiltrée

A la suite d’un concours de circonstances abracadabresques à base d’apéro post-grimpe, de genou défaillant, de mauvaise nuit, de drame familial, d’orage et de falaise mouillée, Lolo réussi un numéro de charme de haute voltige… Me voici donc, simple grimpeuse fraîchement débarquée de Suède, embarquée dans une sortie soi-disant « « « 1 pignon » » » au sud de Grenoble. Il faut savoir que ma seule expérience du vélo est 10 ans de vélotaf tranquille en vélo hollandais sur pistes cyclables scandinaves plates, et que ma passion dans la vie est de monter les montagnes le plus lentement possible, pas de les descendre le plus rapidement possible... Je savais pertinemment que je m’engageais dans un traquenard, mais j’avais tout de même une forte confiance en la bienveillance de Lolo Ricou et Claire (c’est mon côté d’éternelle optimiste…).

Etant entourée de VTTistes (et oui on ne peut leur échapper quand on vit à Grenoble...), on me prête tout le matos donc je n’ai plus d’excuses pour reculer, et nous voilà donc chez Lolo et Ricou à 9h plus ou moins tapantes au sud de Grenoble, un beau dimanche très ensoleillé malgré les prévisions météo. Je fais la connaissance de Line Etienne et Benji. Les falaises du Vercors pleines de belles voies en train de sécher me narguent de loin, mais heureusement la convivialité de ma compagnie du jour va vite me les faire oublier.

Le début fut très rude, j’ai d’abord dû me rappeler comment passer les vitesses avec un vrai dérailleur au lieu des nexus automatiques (comment ça il ne faut pas pédaler comme une bourrine ??). On a attaqué direct sans préliminaires par une montée raide pleine de galets glissants et boueux, impossible de redémarrer donc une grosse partie s’est faite à pied. Je savais déjà que j’étais venue ici pour souffrir donc j’ai persévéré, Lolo nous jure que c’est la partie la plus dure (oui oui c’est ça…), le groupe mesure ce que « débutant » veut dire et je reçois de nombreux conseils. Madame la Présidente baratine quelque chose à propos de freiner et de pédaler en même temps, moi je n’y connais rien en vélo mais tout de même je sentais bien qu’elle se foutait un peu de moi là. Il semblerait que les lois de la physique s’appliquent différemment aux dérailleurs. Heureusement, tout le groupe a déployé des trésors de pédagogie et gentillesse pour m’inculper les bases et veiller sur moi. Comme prévu, Lolo continuait évidemment de rajouter du D+ au plan initial et de décaler l’heure du déjeuner en nous promettant une Bellevue au sommet... J’ai eu largement l’occasion de maudire toutes ces années passées dans un pays plat, mais au bout d’un moment plusieurs autres estomacs et cuisses ont commencé à se plaindre également.

Enfin arrivé.es au sommet, la pause déjeuner tant attendue fût suivie d’une petite sieste protocolaire au soleil et agrémentée de carrés de chocolat. La vue panoramique sur le Vercors la Chartreuse et Belledonne vaut en effet les efforts consacrés. Nous voici donc regonflé.es (presque) à bloc pour la descente.

J’ai doucement commencé à prendre plus confiance en moi et mon vélo, j’ai même confié en secret à Claire que je prenais du plaisir tout de même, ce qu’elle a évidemment répété à tout le monde à la fin de la journée. Les passages trop techniques ou les sauts sont facilement évitables donc j’arrive à moduler la difficulté et admirer le niveau des autres, pour elleux c’est juste une petite balade dominicale tranquille et pour moi c’est énormément d’engagement. Je suis tellement fière de moi quand je suis enfin arrivée à oser passer des petites pierres ou racines !

Au final nous avons passé une excellente journée, je suis très touchée par la bienveillance du groupe qui a adapté sa sortie pour moi et m’a fait me sentir en confiance tout du long. Mon dépucelage s’est donc fait (relativement) en douceur et dans les règles de l’art. J’ai pu découvrir la fameuse convivialité Dérailleurs et pris une bonne dose d’adrénaline. A voir si j’y retournerai une deuxième fois, ça va dépendre de l’intensité de mes courbatures dans les jours à venir…

Signé : Hélène