La répétition

Ne te découvre pas d’un fil, disaient nos grands mères. Avril c’est le mois où les vélos s’emmêlent sur les skis dans l’entrée de l’appartement. Avril dont les dimanches sont bien trop rares…

Les pluies de printemps et les nuages accrochés en altitude ont tranché le dilemme de ce week-end : ce sera vélo. On jette un œil aux pneus, à plat forcément, au cuissard, au fond du placard inévitablement, au calendrier, pas à jour, et horreur ! Voici que le 200km des cyclistes chambériens se tient dans deux semaines. Comme si la galère de l’année dernière n’avait pas suffi, il a fallu se réinscrire cette année… c’est malin.

L’entraînement initialement prévu par Aurélie est annulé. Ouf… voilà un bon argument pour se désinscrire de ce p.. de 200km. Qu’à cela ne tienne ! Nath et Axelle manigancent une nouvelle sortie 100km sur le champ. Pas d’échappatoire… En chemin, je me fais doucher jusqu’à l’os sur le trajet de la gare. Ça y est, je tiens mon argument pour m’esquiver ! Mais non, on me propose des vêtements secs à l’arrivée. Désespéré, je tente le coup des lunettes oubliées dans les affaires de ski ; Sandrine me laisse les siennes… je n’y couperai donc pas.

Nous voilà parties Nath, Axelle, Mélanie et moi sous quelques gouttes au bord du lac du Bourget. Après quelques cinq petits kilomètres, premier arrêt pâtisserie. Je comprends rapidement que les filles tiennent un cahier fort bien renseigné de toutes les meilleures boulangeries-pâtisseries de la région. Forcément, la moyenne horaire commence à fléchir.

Frais comme des gardons et remontés par un petit pain au chocolat, la montée au col du Chat ressemblerait presque à une promenade de santé.

Le soleil se lève enfin sur les paysages doux et vallonnés du Bugey et ses villages qui sentent bon la glycine et le lilas. On atteint un petit bijou en bordure de Rhône où devinez quoi ? Il y a une boulangerie renommée bien sûr. La patronne y est paraît-il désagréable mais ses flancs sont délicieux, alors… on se posera là pour le picnic.

Le hasard nous place aux premières loges du départ d’une course contre la montre. Mélanie y reconnaît le champion de France. Peut-être, mais chez les dérailleurs on a les championnes du monde et c’est pas mal non plus… Les filles s’esclaffent sur le matériel, moi sur les beaux gosses qui s’échauffent et m’échauffent les sens. Elles s’y mettent aussi : Nico, tu as vu celui ci ? Et celui là ? Ou cet autre là-bas ? Non, Nico n’a pas tout vu. Nico ne sait plus où donner de la tête. Nico est au bord de l’apoplexie.

La suite, toujours aussi bucolique, permet de calmer les ardeurs. Je sens la frustration de Nath qui aurait bien fait un quatrième goûter dans une boulange située en avalde jolies gorges qui nous ramènent sur les berges du lac.

La toute fin du parcours est un peu plus banale : quelques vitrines "Cuisines Schmidt" et devantures "Marie Blachère" en sortie de ville annoncent les inévitables centres logistiques coincés entre la route et le chemin de fer. On continue sur la nationale plutôt que sur la berge du lac - ce dernier jugé “pas assez efficace” (dixit la championne du monde).

On fonce à la gare. Bises rapides pour cause de train qui démarre. Mélanie a tout juste le temps de rentrer pour regarder l’arrivée du Paris-Roubaix féminin. Axelle saute dans le même wagon que moi, et en voiture pour le direct Grenoble où elle n’habite pas… Elle en est quitte pour un retour dans l’autre sens.

Des courbatures ? Même pas ! Mais le cul en bouillie, oui !

Merci Nath, Axelle et Mélanie ! À dans quinze jours pour ce p.. de 200km